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Les instituts séculiers

La réflexion de l’Église et de la théologie sur les Instituts Séculiers et sur leur mode d’être dans l’Église et dans le monde a une histoire plutôt récente. Le fait le plus significatif qui les concerne est le Concile Vatican II. Toutes les expériences qui ont eu lieu pendant la première moitié du XX siècle et aussi l’expérience des FRA, « préparent » en quelque sorte la réflexion sur les laïcs, qui aura au Concile Vatican II, une dimension et un développement importants. Il suffit de penser à des documents comme Lumen Gentium, Gaudium et Spes, Apostolicam Actuositatem, pour citer les plus importants et les plus connus. Grâce au Concile Vatican II, ces « fondations « qui déjà en elles-mêmes représentaient une nouveauté dans l’Église, recevront une impulsion nouvelle et elles en seront profondément transformées : les fondateurs, avaient en quelque sorte préparé la route et à présent le chemin entrepris était vivifié à nouveau, renouvelé et développé.


La nouveauté d’une consécration séculière

La consécration séculière est une vocation reconnue seulement depuis quelques dizaines d’années dans l’Église et elle exige d’être comprise dans sa particularité.

A ce propos sont précieuses les paroles de Paul VI, qui, a compris et expliqué avec lucidité la nouveauté de cette forme de vie chrétienne, en la définissant comme « laboratoire expérimental » et « aile avancée », en laquelle l’Église vérifie les modalités concrètes de son rapport avec le monde.

 

On lit dans son discours de 1972 aux responsables des Instituts Séculiers :

 

« Vous êtes à un point de rencontre mystérieux entre les deux courants puissants de la vie chrétienne, en accueillant les richesses de l’un et de l’autre. Vous êtes des laïcs, consacrés comme tels par les sacrements du baptême et de la confirmation, mais vous avez choisi de renforcer votre consécration à Dieu, par la profession des conseils évangéliques, assumés comme des obligations, par un lien stable et reconnu. Vous restez des laïcs, engagés dans les valeurs séculières propres et particulières au laïcat …mais votre consécration est une « sécularité consacrée »…Vous êtes des « séculiers consacrés »…Tout en étant séculière, votre position  diffère en quelque sorte de celle des simples laïcs, en ce que vous êtes engagés dans les mêmes valeurs du monde, mais comme consacrés : non tant pour affirmer la valeur intrinsèque des réalités humaines en elles-mêmes, mais  pour les orienter explicitement selon les béatitudes évangéliques ; d’un autre côté, vous n’êtes pas des religieux ; mais d’une certaine manière votre choix correspond à celui des religieux, parce que la consécration que vous avez faite  vous place dans le monde comme des témoins de la supériorité des valeurs spirituelles et eschatologiques,  c’est-à-dire du caractère absolu de votre charité chrétienne, laquelle est d’autant plus grande qu’elle fait apparaître relatives les valeurs du monde, tandis qu’en même temps elle favorise une action juste de votre part et de la part de vos frères.

Aucun des deux aspects de votre physionomie spirituelle ne peut être surévalué l’un au détriment de l’autre. Tous les deux sont coexistenciels.  « Sécularité » indique votre insertion dans le monde … « Consécration » indique cependant la structure portante intime et secrète de votre être et de votre actio ».

 

A la lumière de cette nouveauté, prennent une signification particulière les conseils évangéliques, qui, pratiqués dans la sécularité, deviennent un langage privilégié pour témoigner l’Évangile. Dans la suite de son discours, le Saint Père éclairait, de sa sagesse singulière, la signification des conseils évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance vécus dans la sécularité :

 

 «  Votre pauvreté dit au monde que l’on peut vivre au milieu des biens temporels et que l’on peut utiliser les moyens de la civilisation et du progrès sans s’en rendre esclave. ; votre chasteté dit au monde que l’on peut aimer d’une façon désintéressée  et totale, en puisant dans le cœur de Dieu et que l’on peut donner joyeusement à tous sans se lier à personne, en ayant particulièrement soin des plus abandonnés ; votre obéissance dit au monde que l’on peut être heureux sans s’installer dans une situation personnelle commode, mais en restant pleinement disponibles à la volonté de Dieu, comme  elle se manifeste dans la vie quotidienne, dans les signes des temps et dans les aspirations de salut du monde d’aujourd’hui ».

Témoins courageux et cohérents d’une vrai sainteté

Jean-Paul II, lui aussi a eu des mots forts et encourageants, particulièrement à l’occasion du 50° anniversaire de la Provida Mater, dans un discours important dans lequel il a invité les consacrés dans la sécularité à être « des témoins courageux et cohérents d’une vraie sainteté ».

 

 « Les membres des Instituts Séculiers sont, dans l’histoire, signes, d’une Église amie des hommes, capable d’offrir la consolation pour tous les genres de souffrance, prête à soutenir tout vrai progrès de condivision entre les hommes, mais aussi intransigeante envers tout choix de mort, de violence, de mensonge et d’injustice. Ils sont, aussi, signe et rappel pour les chrétiens du devoir, au nom de Dieu, de prendre soin de la création qui reste objet de l’amour et de la complaisance de son Créateur, même si, marquée par la contradiction de la rébellion et du péché, elle a besoin d’être libérée de la corruption et de la mort ».

 

 « L’Église, aujourd’hui, veut des hommes et des femmes qui soient capables de témoigner à nouveau de l’Évangile et de ses exigences radicales, en demeurant dans la condition d’existence de la majorité des êtres humains. Et le monde lui-même, souvent sans en avoir conscience, désire la rencontre avec la vérité de l’Évangile, pour un progrès humain vrai et intégral, selon le plan de Dieu ».

 

C’est pourquoi, rappelle  Jean- Paul II « les membres des Instituts Séculiers sont par vocation et par mission, au point de rencontre entre l’initiative de Dieu et l’attente de la création : l’initiative de Dieu qu’ils portent dans le monde  par l’amour et par l’union intime  au Christ ; l’attente de la création qu’ils partagent  dans la condition quotidienne et séculière de leurs semblables,  en se chargeant  des contradictions et des espérances de chaque être humain, surtout des plus faibles  et de ceux qui souffrent ».

 

L’Église, donc, attend beaucoup des Instituts Séculiers et de leur témoignage dans l’histoire, ainsi que l’a rappelé Benoît XVI aux membres dei Instituts Séculiers pour le 60°anniversaire de la Provida Mater :

 

« Ainsi est clairement indiqué le chemin de votre sanctification : l’adhésion oblative au projet de salut manifesté dans la Parole révélée, la solidarité avec l’histoire, la recherche de la volonté du Seigneur inscrite dans les destinées des hommes gouvernées par sa Providence. En même temps se précisent les caractères de la mission séculière : le témoignage des vertus humaines, telles « la justice, la paix, la joie » (Rm 14,17), « la bonne conduite de vie » dont parle Pierre dans sa première Lettre (cfr.2,12) faisant écho à la Parole du Maître : « Qu’ainsi resplendisse votre lumière devant les hommes, pour qu’ils voient vos bonnes œuvres et rendent gloire à Dieu votre Père qui est dans les cieux » (Mt 5,16). En outre, fait partie de votre mission séculière l’engagement pour la construction d’une société qui reconnaisse dans chaque milieu la dignité de la personne et les valeurs imprescriptibles  pour sa pleine réalisation de la politique à l’économie., de l’éducation à l’engagement pour la santé publique, de  la gestion des services à la recherche scientifique ; Chaque réalité particulière vécue par le chrétien, son travail et ses intérêts concrets, tout en conservant  leur relative consistance, trouve leur finalité  par le fait qu’ils sont embrassés par le Fils dont la finalité a été d’entrer dans le monde. Sentez-vous, alors interpelés par chaque douleur, par chaque injustice, et aussi, par toute recherche de vérité, de beauté et de bonté, non parce que vous avez la solution de tous les problèmes, mais parce que chaque moment où vit l’homme et où il meurt, est pour vous l’occasion de manifester l’œuvre de salut de Dieu. C’est cela votre mission. Votre consécration met en évidence d’un côté la grâce particulière qui vient du Seigneur pour la réalisation de la vocation, de l’autre elle vous engage à une docilité totale d’esprit, de cœur et de volonté au projet de Dieu le Père révélé dans le Christ Jésus, à la suite duquel vous avez été appelés ».

 

En 2014, le Pape François, nous a indiqué la voie et nous a donné de précieux conseils pour notre vie :

 

« Je vous souhaite de conserver toujours cette attitude d’aller plus loin et plus encore là où tout se joue : la politique, l’économie, l’éducation, la famille…là ! Peut-être aurez-vous la tentation de penser : « Mais qu’est-ce que je peux faire ? » Quand vous vient cette tentation, rappelez-vous que le Seigneur nous a parlé du grain de blé ! Et votre vie est comme le grain de blé… là, il est comme le levain…là. C’est faire tout son possible pour que le Royaume arrive, croisse   et grandisse et qu’il protège une multitude de gens comme l’arbre du sénevé. Pensez à ceci. Petite vie, petit geste, vie normale, mais levain, grain qui fait grandir. Ceci vous donne la consolation. Les résultats dans ce bilan sur le Royaume de Dieu ne se voient pas. Seul le Seigneur nous fait voir quelque chose ».

 

En 2017, encore, il nous a indiqué un chemin spirituel beau et profond :

 

« Je voudrais enfin vous suggérer quelques attitudes spirituelles qui peuvent vous aider dans ce chemin et qui peuvent être synthétisées en cinq verbes : prier, discerner, partager, encourager et éprouver de la sympathie.

 

Prier pour être unis à Dieu, près de son cœur. Écouter sa voix dans tout événement de notre vie, en vivant une existence lumineuse qui prend en main l’évangile et le prend au sérieux.

 

Discerner, c’est savoir distinguer l’essentiel de l’accessoire, affiner la sagesse, cultivée chaque jour, qui permet de voir quelles sont les responsabilités qu’il faut prendre et quels sont les devoirs prioritaires. Il s’agit d’un parcours personnel mais aussi communautaire, pour lequel l’effort individuel ne suffit pas.

 

Partager le sort de chaque homme et de chaque femme : même si les événements du monde sont tragiques et obscurs, je n’abandonne pas le sort du monde, parce que je l’aime comme et avec Jésus, jusqu’à la fin.

 

Encourager : avec la grâce du Christ ne jamais perdre la confiance, qui sait voir le bien en toute chose. C’est aussi une invitation que nous recevons dans chaque célébration eucharistique : « Haut les cœurs ! ».

 

Avoir de la sympathie pour le monde et pour les gens. Même quand ils font tout pour nous la faire perdre, être animés par la sympathie qui vient de l’Esprit du Christ, qui nous rend libres et passionnés et nous fait « rester là-dedans » comme sel et levain ».

 

Conscients de tout cela, les FRA aussi s’engagent avec joie à être sel et levain dans la vie de tous les jours, auprès des hommes et des femmes qu’elles rencontrent et avec lesquelles elles partagent une partie du chemin.

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